Claude NICOLET

Le site de

Chevènement DKEntretien avec Jean-Pierre Chevènement paru dans "le Phare dunkerquois" le mercredi 13 avril 2016.

Jean-Pierre Chevènement, souverainiste et tenant de la sortie de l'euro, commente le changement de contexte sécuritaire et nos relations avec nos voisins anglais...

Le Phare dunkerquois: L'extension de la vidéosurveillance.

JPC:  "Quand je l'ai mise en place à Belfort, le contexte était très différent: on ne connaissanit pas encore les attentats à l'époque! Et je devais faire face à l'hostilité des élus de gauche, qui était par principe opposés à la vidéo-surveillance. On l'avait installée dans des halls de HLM, des espaces clos. La vie était devenue très difficile à cause de quelques individus. Les caméras ont réglé le problème."

Le Phare dunkerquois: L'armement de la police municipale?

JP Chevènement: "Quand j'étais ministre de l'Intérieur, c'était au préfet d'apprécier si les demandes des maires pour armer la police municipale étaient justifiées. Mais là aussi, le contexte était différent...Mais j'ai toujours été assez ferme sur les prérogatives de la police nationale. Leur travail n'est pas le même que celui de la police nationale. Leur travail ,'est pas le lême que celui des policiers municipaux, mais aujourd'hui, on est dans uns situation qui va parfois au-delà de la substitution..."

Le Phare dunkerquois: Les travailleurs détachés?

JP Chevènement: "Il est toujours inadmissible de soumettre le marché du travail à de tels déséquilibres. Avec le recours aux travailleurs détachés, on arrive à un droit social à plusieurs vitesses et le travailleurs français ne peut pas s'aligner sur les charges sociales des travailleurs détachés. Et les entreprises n'ont rien à perdre à recourir à ces contrats...sauf peut-être enterme d'image."

Le Phare dunkerquois: La désindustrialisation?

JP Chevènement: "Le phénomène part de loin: ce qui nous a condamné à l'impuissance, ce sont deux décisions structurantes; D'abord en 1985 avec l'espace Schengen, puis le projet de monnaie unique, qui a commencé en 1991-1992. Ces deux choix portaient en germe la destruction de 2 millions d'emplois en France, et ils ont porté leurs fruits vénéneux...C'est pour ça que j'ai démissionné en 1983: s'accrocher à une monnaie forte comme l'euro en France, ça signifiait la fin de toute politique industrielle. Et encore aujourd'hui beaucoup de bonne volonté, qui critiquent la politique actuelle sont condamnés à la faire en vain, parce qu'ils refusent de sortir du logiciel de la monnaie unique."

Le Phare dunkerquois: Damien Carême et le camp de la Linière?

JP Chevènement: "Il a clairement outrepassé ses compétences. Il y a une question de principe: c'est l'Etat qui détermine la politique  d'accueil. Pas les collectivités. Renier ce principe au nom d'intérêts individuels, ça amène à la disparition de l'intérêt général, au chaos généralisé, à la loi de la jungle (sic)."

Le Phare dunkerquois: La perfide Albion et les accords du Touquet?

JP Chevènement: "Alors les accords du Touquets, ce n'est pas moi! Quand Sarkozy les a signés, en 2003, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à comprendre ce qu'on gagnait dans l'affaire. De l'argent? Ce n'est pas pour les cinq ou six millions d'euros que payent les Anglais que c'est une bonne affaire: au contraire, ça nous coûte bien plus cher! Il s'agissait certainement d'une contrepartie à la fermeture de Sangatte, que Sarkozy voulait absolument à l'époque. On voit le résultat...

J'aime bien faire le parallèle entre les accords du Touquet et le Traité d'Utrecht de 1713. Par ce traité, la France acceptait de condamner le port et les fortifications de Dunkerque à la demande des Anglais. Les accords du Touquet, c'est la même chose: on livre le littoral à la police anglaise. Et encore, le traité d'Utrecht pouvait se justifier du point de vue français: on sortait d'une guerre et de destructions épouvantables, et en échange du traité on avait la paix. Ce qu'on a eu en échange des accords du Touquet, à part d'avoir mis la frontière anglaise à Calais et à Dunkerque? On se le demande encore...

Je me souviens d'une anecdote, quand j'étais ministre de l'Intérieur, j'avais reçu mon homologue anglais, Jack Straw. Déjà à cette période, ils voulaient pouvoir intervenir plus facilement sur le territoire français. Les discussions n'ont pas abouti, je n'étais pas disposé à lui céder grand-chose...En se quittant, j'essaye de plaisanter pour détendre l'atmosphère, et je lu dit qu'on devrait proposer à nos gouvernements de restituer Calais à La Grande-Bretagne...ça ne l'a pas fait beaucoup rire!"

Le Phare dunkerquois: Macron et la "politique autrement"?

JP Chevènement: "On ne sait pas très bien pour qui Macron travaille, mais la création de son parti ("En marche" NDLR) n'a pas l'air de désespérer Hollande...Il peut contribuer à ouvrir un espace politique républicain.

Propos recueillis par Edourd Odièvre.