Claude NICOLET

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plénièreUn débat passionnant avec Nicolas DUFOURCQ Directeur Général de la BPI.Intervention de Françoise DAL, Conseillère régionale Présidente de FINORPA.

Monsieur le Président, Chers Collègues, Monsieur le Directeur de la Banque Publique d’Investissement, Monsieur Nicolas DUFOURCQ, Monsieur le Directeur Régional de la Caisse des Dépôts et Consignation, Monsieur Dominique MIRADA.

C’est dans un contexte économique et social lourd voir tendu que se tient notre séance plénière cet après midi ; notre région, vieille terre industrielle, doit affronter une nouvelle fois une crise sans précédent après le textile, après le charbon, la crise qui secoue le secteur automobile et ses sous traitants, les annonces de PSA, malgré une résistance relative de TOYOTA et de son site de Valenciennes, nous amène une fois de plus à mobiliser toute notre énergie et notre volontarisme de puissance publique régionale à mettre en place un plan de résistance à la crise pour enrayer cette spirale du décrochage productif et industriel. La présence à cette tribune du Directeur de la Banque Publique d’Investissement nous encourage à aborder, moins seul, le combat du nécessaire redressement productif qui se traduit à travers les 35 mesures du pacte national pour la compétitivité et l’emploi.

La création de la Banque Publique d’Investissement représente un véritable changement dans notre pays, et consacre le rôle fondamental de l’Etat dans sa volonté de reprendre toute sa place dans le soutien de l’activité économique, de la recherche, le développement et l’innovation.

Après des années de délaissement de son rôle d’impulsion, au nom du dogme libéral qui professe que l’Etat est le problème et non la solution, ce changement historique renoue avec le fil de l’histoire, qui avait permis pendant les trente glorieuses, de vérifier le rôle combien important de l’intervention de la puissance publique pour orienter, impulser, accompagner le développement économique et industriel stratégique en matière d’énergie, de transport, d’aéronautique, et de grandes infrastructures.

En forçant le trait, la Banque Publique d’Investissement doit être une réponse française adaptée à la gravité de la situation économique, et où la question de la rémunération du capital (Joseph STIGLITZ parlerait de sa cupidité) n’est plus l’objectif mais où l’intérêt public prend toute sa place, ce qui implique une intervention de longue durée qui seule peut donner le temps nécessaire au redressement industriel et à l’émergence de nouvelles technologies.

Oserai je dire, à l’instar du ministre du redressement productif Arnaud MONTEBOURG que la BPI est une opération de concurrence déloyale vis-à-vis du système financier que ce soit le marché de la private equity, des fonds propres ou du système bancaire qui va faire baisser les prix et les prétentions de rémunérations en étant moins gourmande et impatiente (soutien à long terme et rémunération modérée).

C’est une bonne réponse qui permet des alternatives de financement dans toute la chaine du besoin des entreprises. Il m’a été demandé de vous présenter, en ma qualité de Présidente du Groupe FINORPA, ce que sont les outils financiers régionaux et plus particulièrement ceux de FINORPA, et de voir dans quelle mesure ces outils étaient, au fond BPI COMPATIBLES !

J’ai pris le parti, en préparant cette table ronde, dans un premier temps de faire œuvre de pédagogie à travers quelques slides que je vous commenterai rapidement.

Pédagogie car il faut le reconnaitre l’implication d’un élu régional dans ces  dispositifs est loin d’être évident au vue souvent des approches très techniques, complexes et très réglementées (je pense au FRG) des réunions de leurs Conseils d’Administration . Il est clair que souvent deux cultures s’y affrontent, celle de la mesure très encadrée du risque que prend l’outil dans le soutien à l’entreprise, et celle de l’impatience fort légitime par ailleurs des élus à accompagner les entreprises dans leur développement sur leur territoire et soutenir les emplois souvent menacés.

Dans un second temps, exprimer au de-là d’un besoin d’articulation évident de nos outils  d’abord entre eux et avec  la BPI, quels sont nos besoins de financement non couverts en Région Nord Pas de Calais, pour lesquels la BPI va apporter une réponse.

La réunion plénière du SRDE du 5 Décembre dernier, consacrée à la mise en place d’une feuille de route de soutien au tissu économique régional et de résistance à la crise, a permis à l’ensemble des outils financiers (à capital public et à Capital privé IRD,CROISSANCE NORD PAS DE CALAIS) régionaux de s’engager à mieux soutenir le tissus économique régional et à avancer sur le chantier de l’amorçage.

EFFICACITE

La société régionale de co investissement est créée NORD France AMORCAGE dotée de 5M d’euros ; elle doit permettre de financer toute l’innovation qu’elle soit technologique ou non et permettre d’augmenter les tickets accordés aux entreprises. Le FRG a été doté de 6 M d’euros pour accompagner, notamment, les entreprises de l’économie sociale et solidaire (Fonds Création) et les Entreprises de Tailles Intermédiaires (les ETI).

SIMPLIFICATION

Dans le domaine de l’innovation Un travail est en cours sur la mise en commun des lignes de FINORPA et d’INOVAM dans le soucis de pouvoir, en partenariat avec d’autres régions limitrophes à la notre, émarger au FONDS NATIONAL D’AMORCAGE et d’en faire bénéficier aussi nos pôles de compétitivité.

PARTENARIAT

Une convention de partenariat va voir le jour entre l’EPF, BATIXIA et FNORPA mettant ainsi en synergie l’ensemble de nos compétences (Portage et Traitement du Foncier, Implantation d’immobilier d’entreprises et expertise revitalisation des territoires et analyse financière des entreprises) au service de l’aménagement des territoires les plus fragilisés par la crise cf MEGASTAMP

QUELS SONT NOS BESOINS DE FINANCEMENT NON COUVERTS EN REGION NORD PAS DE CALAIS  ET POUR LESQUELS LA BPI POURRAIT APPORTER UNE REPONSE ?

La consolidation financière et l’innovation –une même problématique. Depuis 2008 les entreprises régionales ont plus que jamais besoin d’un renforcement de fonds propres ; beaucoup de TPE PME solides sur un plan structurel, peu touchées au début de la crise, commencent à plier sous le poids de  trois années de ralentissement ; les niveaux de fonds propres diminuent, les marges régressent et les trésoreries se tendent.

Les entreprises en amorçage ont de même besoin de temps pour développer leur modèle d’affaires.La surface des outils financiers de capital risque régionaux ne leur permet pas de supporter un niveau de risques lié à ces investissements supérieur à 15% de leur volant d’affaires.

 Dans ce cas l’intervention de la BPI doit se faire sur des tickets importants et sur des fonds propres "durs" à savoir une entrée au capital des entreprises concernées.S’attacher à respecter dans les interventions de la BPI, la politique de filières mise en place par la Région , renforcée dans les stratégies régionales de l’innovation et outillées à travers des pôles de compétitivité et d’excellence.

ORGANISATION ET GOUVERNANCE DE LA BPI EN REGION

Si, en ma qualité d’élue régionale, je plaide pour la mise en place d’un comité d’investissement en fonds propres, régional et décisionnel, le débat aura lieu aujourd’hui et je sais que les lobbyings sont puissants…

Mais en ma qualité de Présidente de FINORPA et au nom des actionnaires du groupe je ne souhaite pas qu’il y ait un apport des outils financiers régionaux au pot commun de la BPI, conformément à la volonté de l’Exécutif régional. Au delà du fait que notre action régionale perdrait de sa lisibilité et que la constance politique n’est pas toujours de mise, je plaide ardemment pour qu’une bonne articulation avec les outils existants soit la règle, à savoir :

-Une répartition par niveau d’intervention et non par finalité.

-Un co investissement dés que cela est possible.

-A terme la mise en place d’une plateforme d’orientation, lieu unique d’accueil des entreprises où seraient regroupés les organismes régionaux de financement et de garantie, les services de la BPI, ainsi que les organismes financiers et bancaires partenaires du développement économique régional. En espérant n’avoir pas été trop longue et trop absconde, voilà l’apport que la présidente de FINORPA souhaite mettre dans le berceau de la jeune BPI.

Je pense que la BPI est l’outil indispensable à la création d’un nouveau modèle économique basé notamment sur le développement entrepreneurial et le patriotisme économique, car la France a encore un destin industriel et notre région qui a tant donné et qui porte en elle tant d’énergie, d’innovation et de courage a un avenir pour peu qu’ensemble, nous le voulions.

Je vous remercie de votre attention.