Claude NICOLET

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Dunkerque  10 Claude NicoletVendredi 29 novembre 2013

Messieurs les Ministres,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames, Messieurs, les élus(e), chers amis(e),


Le temps de « Dunkerque + 10 » s’achève. Ce n’est qu’une étape, nous allons nous retrouver à Iéna dans quelques mois afin de poursuivre le travail engagé.

Je veux tout d’abord me réjouir de la magnifique réussite de ce forum, du dynamisme que nous incarnons et au regard de ce qui s’est passé hier soir « Palestine by night » de notre joie de vivre, de nous retrouver et d’être ensemble, tout simplement, comme des amis aiment à le faire.

Pour reprendre les mots de l’ambassadeur dans la presse de ce matin : " La diplomatie des territoires est même devenue indispensable pour fixer une nouvelle vision. Les gens sont en contact direct avec les besoins. C'est la diplomatie la plus utile. Plus que la diplomatie classique des formes avec ses réceptions, ses conférences et ses déclarations. Ce genre de diplomatie est désormais discréditée aux yeux de l'opinion publique. Le peuple cherche du concret. Le fond n'a plus besoin de courir derrière la forme. Il vaut mieux se taire pour mieux faire. "

Je veux aussi me réjouir de ce que nous avons réussit à créer. En France tout d’abord avec ce formidable mouvement des collectivités locales qui s’engagent en Palestine, c’est un mouvement de fond. Sans cesse de nouvelles collectivités nous rejoignent, la dernière en date : Ajaccio que nos amis venant de corse dans la salle soient remerciés. Et nous avons pu assister hier à cette conversation entre le maire de Palerme et celui d’Ajaccio comprenant immédiatement que la Corse et la Sicile devaient travailler ensemble pour et avec la Palestine et tout ça à Dunkerque ce qui est la démonstration que nous sommes bien le centre de la Méditerranée.

Nous avons réussit ce formidable pari et je parle sous le contrôle du ministère des Affaires étrangères, de faire de la coopération décentralisée franco-palestinienne, l’une des plus importantes de France. Cent soixante sept projets financés annoncait hier Madame la Ministre Marylise Lebranchu. C’est une formidable réussite et ce travail se poursuivra.

Disant cela, je veux tout d’abord vous dire que nous devons avoir conscience de nous même et de la force que nous représentons. Une force pacifique.

Nous sommes donc devant une grande responsabilité politique. Marylise Lebranchu hier l’a dit : « Le forum pour la Palestine doit être historique ». Le défi que nous devons relever est l’un des plus énormes qui soit. Tous s’y sont brisés depuis des décennies, mais aujourd’hui il y a urgence.

Il y a urgence à créer un Etat palestinien, viable, souverain. Rien ne l’empêche aujourd’hui. Nous l’avons entendu hier « il y a d’ores et déjà beaucoup plus d’Etat en Palestine que dans bien d’autres régions du monde et qui sont reconnus comme tels aujourd’hui », nous a dit Pierre Duquesne.

La question n’est pas technique, nous le savons bien : mais politique.

Ce que nous faisons et ce que nous sommes, doit être une démarche originale et innovante car nous sommes dégagés des enjeux de puissance et des rapports de forces portés par les Etats.

Mais nous pouvons, nous devons essayer à partir de ce que nous sommes, nous les collectivités locales et les gouvernements locaux, explorer de nouvelles approches

L’une d’elles, essentielle à mes yeux est de passer aux partenariats territoriaux stratégiques qui se fixeraient un certain nombre d’objectifs.

-L’objectif final : la paix, qui n’est pas simplement l’absence de conflit. Cela ne peut être atteint que dans la justice, l’application du droit accepté par tous, la reconnaissance de l’égale dignité des peuples.

-Les collectivités locales ont un rôle majeure à jouer dans ce domaine elles sont la première organisation politique et administrative. Elles sont représentatives de la population et peuvent dans leur action quotidienne mettre en œuvre une multitude d’actions.

-Cela passe également, par l’organisation du dialogue avec les collectivités européennes. Sur cette question l’Europe a une responsabilité majeure dans la situation actuelle et elle doit elle aussi prendre ses responsabilités. Le conflit israélo-palestinien est une des conséquences de l’histoire européenne et de ses tragédies qui ont ensanglanté le siècle dernier. Et le Maire de Palerme, Leoluca Orlando avait hier matin raison: parler du Proche-Orient s’est aussi parler de l’Europe.

-Mais ce dialogue doit aussi pouvoir se faire directement entre société palestinienne, européennes mais aussi israélienne. Car au final s’est bien entre Israël et la Palestine que la Paix se fera. Et c’est bien le peuple palestinien et le peuple israélien qui sont amenés à vivre côte à côte et à partager un avenir aux intérêts communs multiples.

Voilà des décennies que tout le monde se mêle de tout au Proche-Orient et que les grandes puissances ne cessent d’y faire jouer leurs intérêts. Aujourd’hui, l’intérêt de tous c’est que la paix et la justice y règnent d’abord pour les Palestiniens mais aussi pour les Israéliens. Et je remercie Monsieur Albrecht Schröter, Maire de Iéna pour les propos très courageux qu'il vient de tenir. Cela démontre à quel point les opinions publiques, en particulier en Europe, évoluent sur leur perception de la question palestinienne.

Si cela ne se fait pas, le pire est à craindre. Le peuple palestinien se révoltera car aucun peuple ne peut éternellement accepter la servitude et l’humiliation. Les printemps arabes qui secouent et déstabilisent toute la région sont aussi des sursauts d’orgueil et de dignité de peuples qui se sentaient humiliés.

Au nom de quoi le peuple palestinien serait le seul au monde à ne pas exiger cette légitime reconnaissance de ce qu’il est, appartenant à l’humanité et souhaitant prendre son destin en main.

Le peuple palestinien veut vivre libre dans la tranquillité, la dignité et la juste reconnaissance de ses droits légitimes. Il se révoltera d’abord contre lui même après 20 ans de négociations qui donnent souvent le sentiment de ne se suffire qu’à elles mêmes. Et le débat de ce matin entre Yossi Beilin et Ghassan Khatib sur l'analyse des accords d'Oslo, fut l'un des moments forts de ce forum.

- Sommes nous prêts à nous engager dans une telle voie ?
- Sommes nous prêts à prendre ce pari risquer du dialogue qui à terme est la garantie de la confiance sans laquelle rien ne peut se faire ?
- Les collectivités israéliennes sont-elles prêtes pour se dialogue ?
- Les collectivités palestiniennes sont-elles prêtes pour se dialogue ?
- Nous, collectivités européennes, avec CGLU, sommes nous prêts à nous engager dans ce qui peut apparaître une naïveté pleine d’ignorance et de bonne conscience ?

Et bien, à la suite de nos deux jours de travaux, j’ai la faiblesse de penser que la réponse est « oui ».

Nous devons désormais nous doter d’un agenda, d’objectifs et d’une méthode de travail.

Après « Dunkerque + 10 », nous nous retrouverons à Iéna puis à Palerme et nous répondrons enfin à l’invitation officielle que nous a lancé hier le Président Abbas que je remercie sincèrement. Mais je sais que le Président Delebarre nous en fera le détail dans son intervention

Il faut poursuivre notre organisation au niveau européen et dans les différents Etats qui composent notre réseau.

Mais cela ne saurait suffire, il faut impérativement établir un lien et une continuité entre ces grands rendez-vous. Pour que nous ayons une analyse, une méthode de travail sans cesse plus performante condition pour peser toujours davantage car oui, comme l'a dit Ghassan Khatib, nous devons faire pression là où nous sommes, en Europe et en direction des Etats membres. C’est tout à fait possible. Qui aurait parié sur les résultats que nous avons déjà obtenus.

Le Réseau de Coopération Décentralisé pour la Palestine et les collectivités locales françaises sont prêtes à prendre toute leur place et à remplir tout leur rôle et seront au rendez-vous. Nous avons incontestablement franchis une étape très importante ici à Dunkerque et les deux ans qui viennent seront essentiels. Et demain comme hier nous seront là !

Je vous remercie.

Claude NICOLET