Mon intervention lors de l'introduction des "Ateliers de la reconquête industrielle", cet après midi à la CCI de Dunkerque. En présence de Madame Edith Cresson, ancien Premier ministre, Monsieur Bruno Delaye ambassadeur de France, Président d'"Entreprise et diplomatie", de Monsieur Raoul Weexsteen, vice-président de France-Algérie.
Madame le Premier ministre, chère Edith,
Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur le Vice-président de France Algérie, cher Raoul,
Mesdames messieurs les élus,
Mesdames Messieurs les représentants des organisations patronales, économiques et professionnelles,
Merci aux représentants de la CCI Côte d’Opale et en particulier à la CCI de Dunkerque de nous accueillir cet après-midi. Merci d’avoir répondu à notre invitation. Il s’agit de notre deuxième rendez-vous après celui du 24 octobre dernier. Nous n’avons pas voulu tarder.
Tout d’abord parce que nous sommes convaincus de l’urgence de la situation. Ce n’est pas devant un tel parterre du monde industriel et économique, que je vais vous faire un descriptif de la situation.
Nous sommes partis d’idées et de convictions simples. La première d’entre-elle, la France doit rester une grande puissance industrielle, pour tenir son rang, pour assurer son avenir en tant que nation et pour la pérennité de son modèle social.
Le rapport Gallois a t-il réveillé les consciences ? La côte d’alerte est atteinte n’hésite t-il pas à écrire.
Car tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industrie française régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer. La diminution du poids de l’industrie dans le PIB français est plus rapide que dans presque tous les autres pays européens ; le déficit croissant du commerce extérieur marque nos difficultés à la fois vis-à-vis des meilleures industries européennes et face à la montée des émergents.
La perte de compétitivité industrielle est le signe d’une perte de compétitivité globale de l’économie française. Car l’industrie ne se développe pas en vase clos : elle dépend des autres secteurs de l’économie, des services et de l’énergie en particulier ; elle dépend de l’écosystème créé par les politiques publiques, de la dynamique des dépenses et des recettes publiques, ou du fonctionnement des services publics, des grandes infrastructures, comme de l’appareil de formation et de recherche ou du marché du travail.
Cette perte de compétitivité est, pour une large part, à l’origine des déséquilibres des finances publiques comme du chômage ; elle limite notre marge de manœuvre en Europe et dans le monde ; elle menace notre niveau de vie et notre protection sociale ; elle réduit la capacité de croissance de l’économie. L’industrie et les services qui lui sont associés sont clés dans cette affaire : c’est eux qui sont les plus directement exposés à la concurrence internationale ; c’est sur eux que repose le poids du commerce extérieur.
L’emploi dans l’industrie est plus qualifié que la moyenne et il a un effet multiplicateur plus fort sur les autres emplois. L’industrie porte une très large part de la recherche et de l’innovation, ainsi que des gains de productivité. Les pays les plus industrialisés sont ceux qui résistent le mieux à la crise. La reconquête de la compétitivité industrielle doit donc être considérée comme la priorité économique de notre pays : elle conditionne tout le reste.
Or, nous avons la faiblesse de penser que le littoral du Nord Pas de Calais, n’est pas n’importe quel territoire. Forte identité industrielle, ancrée depuis longtemps dans son histoire, vous êtes ici Madame le Premier ministre, Monsieur l’Ambassadeur, sur le territoire qui est la première plate-forme de production d’énergie en Europe. Nucléaire, gaz, hydrocarbure, énergie renouvelable, mis à part l’hydraulique, assez compliqué chez nous, nous avons tout. Sur le territoire du premier port de passager au monde à Calais et sur le territoire de la première plate forme de transformation des produits de la mer d’Europe à Boulogne-sur-Mer. Nous sommes au cœur de la route où passe le plus grand nombre de richesse au monde, le fameux « range ou rail » Manche-Mer du Nord-Mer Baltique.
Ces enjeux sont pour nous essentiels et nous savons tous qu’il nous faut aujourd’hui rétablir des équilibres territoriaux nouveaux entre acteurs économiques, institutions, collectivités locales et Etat pour faire face aux nouveaux défis. Sans oublier la dimension européenne dans son organisation de la libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes. Nous faisons le pari que c’est à partir de nous même, à partir de la France que nous serons les mieux à même de rencontrer le vaste monde et l’international pour rester fidèles à ce que nous sommes. Partir de la France pour aller vers l’extérieur et accueillir le monde en retour et non pas céder à la tentation du repli sur soi mortifère.
C’est dans cet esprit que nous avons voulu créer avec Bruno Beltrame, "Les ateliers de la reconquête industrielle ». Nous avons voulu vous inviter sur cette première thématique qui doit en appeler d’autres et surtout nous permettre d’approfondir notre travail autour d'un thème essentiel sur l'intelligence stratégique et territoriale de nos entreprises. PME-PMI, quels enjeux? Quelles perspectives de développement? Performance à l’étranger et conquête de marché sont à nos yeux inséparables de la ré-industrialisation du pays.
Lieu de débats et d'échanges « les ateliers de la reconquête industrielle » veulent tracer de nouvelles perspectives afin de travailler à la reconquête industrielle et son développement, sur le littoral dunkerquois, dans notre région et notre pays. Lieu de rencontre informelle et dégagé d'enjeux partisans, c’est d’abord un lieu de liberté, indispensable à la créativité et au partage. Et nous avons pu constater que nous avions énormément de choses à partager entre responsables économiques, chefs d'entreprises, responsables associatifs ou politiques et qu’il fallait à tout prix mettre en place des lieux d’analyses, de propositions et d’échanges transversaux.
Sans plus tarder, je laisse la place à nos prestigieux invités.