Claude NICOLET

Le site de

le_phare_dunkerquoisDunkerque organise la 7e édition de cet événement national qui s'étale finalement sur près d'un mois, avec le soutien de la CUD et de la Région. Plus de 20 partenaires associatifs s'investissent pour ce coup de projecteur sur la coopération décentralisée

La porte de sa maison saint-poloise est toujours grande ouverte, à Farma qui, splendide dans son boubou, reçoit la « famille » sur les banquettes entourant la table basse garnie de biscuits et de bouteilles de bissap, boisson à base de fleurs d'hibiscus.

Elle participera samedi après-midi au « tour du monde en 8 heures, ou comment partir à la découverte des cultures du monde sans bouger de Dunkerque », qu'organise l'AJS pour la semaine de la solidarité, en accueillant chez elle les personnes inscrites au "tour du monde".
Waly, d'origine sénégalaise comme Farma, sera là aussi. Il est membre de l'association Alizée-Sénégal menant des projets humanitaires du côté de Matam et Bakel, et qui sera représentée lors du forum de la solidarité internationale salle de la Concorde les 20 et 21 novembre.

Peu de changements.
D'autres familles d'origines marocaine, algérienne ou comorienne habitant la communauté urbaine ont également accepté d'ouvrir leur porte. «  C'est une façon de faire découvrir notre vie là-bas et notre vie ici, et comment on s'organise pour faire vivre le Sénégal » explique Waly, en France depuis 18 ans. « Finalement, il n'y a pas beaucoup de changements. Dès qu'on rentre à la maison, c'est un peu comme au pays ».

Dans le salon de Farma, où tous se déchaussent avant d'entrer, un tapis est réservé à la prière que l'on peut suivre sur la RTS, une chaîne nationale de télévision sénégalaise. « On la fait comme au Sénégal, cinq fois par jour » poursuit Waly. « C'est une obligation en tant que musulman, mais on n'est pas obligé d'arrêter le boulot pour prier. Quand je rentre, je prends une douche, je fais mes ablutions et je rattrape le retard que j'ai pu prendre.

Ces cinq prières nous guident pour rester dans le droit chemin et au Sénégal, la religion est beaucoup plus modérée que dans d'autres pays. » Malgré tout, Waly regrette de ne pas retrouver la même ambiance : « Ici, c'est chacun chez soi. Au Sénégal, après le boulot, on va voir les copains".

Et pas la peine de s'annoncer. « Moi, je suis mariée avec un Français et je dois appeler ma belle-famille quand j'y vais ! » rigole Dienaba, 32 ans, installée en France depuis 8 ans.
Waly se rend souvent dans un foyer accueillant de nombreux Sénégalais, où il se trouve « comme là-bas », où les mots "partage" et "solidarité" prennent tout leur sens, deux notions qui guident la communauté sénégalaise. Le respect des personnes âgées fait également partie de ses valeurs : «  Les doyens nous donnent toujours de bons conseils et ce sont eux qui ont le dernier mot, même si on n'est pas d'accord ! »

Un devoir d'aider le pays.

« On fait tout collectif au Sénégal. Nous sommes tous cousins, ou frères, même s'il n'y a pas de lien de parenté. L'amitié suffit. Et ceux qui sont restés au pays comptent sur nous, c'est un devoir de les aider. Chez moi, on est onze à être éparpillés en Europe. Tous les trois mois, on réunit une somme que l'on envoie au plus âgé d'entre nous, qui l'envoie au plus âgé au pays. Nos parents faisaient ça avant, on a pris le relais. Mais ceux qui sont là-bas ne savent pas comment on a galéré quand on est arrivé en France... » raconte Waly qui, à force de volonté, s'est fait sa place dans le secteur du bâtiment. Et il compte bien aller se servir là-bas de ce qu'il a appris ici. En attendant un retour définitif, il ira en décembre ou en janvier, délaissant les rigueurs hivernales pour le soleil du Sénégal.

Virginie VARLET