Claude NICOLET

Le site de

Monsieur le maire,
Monsieur le président,

Les Dunkerquoises et les Dunkerquois, sur l’ensemble du littoral, dans leurs diversités, s’alarment de façon croissante quant à l’impact d’un gigantesque parc éolien implanté au large de Dunkerque.

4000 d’entre eux viennent d’ores et déjà de signer une pétition afin d’exiger qu’un référendum soit organisé. Cette exigence est légitime.

Ils ne se satisfont pas du débat public dont nous connaissons trop bien le fonctionnement et qui en aucun cas, ne peut remplacer ou se substituer à une réelle démarche démocratique.

Cette demande vous devez l’entendre.

Tout d’abord pour que nos concitoyens puissent réellement s’emparer d’un sujet qui les concerne au premier chef, y compris en tant que contribuables puisqu’au-delà de la problématique des éoliennes, il s’agit de l’avenir énergétique de la France, de son indépendance, de la transition énergétique et de ses enjeux, de la lutte contre le réchauffement climatique. Les citoyens ont donc leur mot à dire.

Il est trop facile de se réfugier derrière l’organisation des « assises européennes de la transition énergétique », prestigieux rendez-vous où sont invités de non moins prestigieux experts et politiques pour mieux refuser aux citoyens la possibilité de s’exprimer de façon réellement démocratique et contradictoire. La politique, la vraie, ne se fait pas dans les cercles, les cénacles et crise sanitaire oblige, en visioconférence. Vous ne pouvez décider seul, dans le silence de votre bureau, d’un sujet aussi important.

Nos concitoyens se sentent profondément concernés et veulent être consultés. Désormais se sont des milliers d’entre eux qui réclament l’organisation d’un référendum.

Je sais parfaitement qu’il s’agit là d’une volonté de l’Etat. Mais je sais également que ces choix vont en réalité, fondamentalement contre les intérêts de notre pays et donc des Français et des Dunkerquois. Me refuser à le dire serait aller à l’encontre de ma conscience et de l’idée que je me fais de la responsabilité politique qui est la mienne.

  • Plus de 50 km² de notre littoral est concerné avec les multiples impacts sur lesquels nous n’aurons aucune prise.
  • 46 éoliennes de 300 m de haut défigureront durablement nos paysages et notre environnement.
  • Une implantation en pleine zone "Natura 2000"
  • Nous savons que l’énergie éolienne n’est ni durable, ni verte.
  • Nous savons que les champs éoliens sont un danger réel pour la faune, en particulier pour les migrations d’oiseaux.
  • Nous savons qu’en réalité l’énergie éolienne n’est pas une énergie décarbonée mais au contraire produit beaucoup de CO2.
  • Nous savons que c’est une énergie intermittente posant par ailleurs des problèmes de stockage, donc de batteries à ce jour très difficilement recyclables.
  • Nous savons que l’énergie éolienne (également solaire) doit être couplée à des unités de production d’électricité par le gaz ou le charbon (fortement émettrices de CO2) afin de prendre le relai quand il n’y a ni vent ni soleil…ce qui est fréquent.
  • Nous savons que le modèle économique de l’éolien s’appuie sur le démantèlement d’EDF, sur la privatisation de sa branche ENR voulue par la commission européenne et que se sont de grands groupes financiers qui attendent d’abord que leurs capitaux soient rentabilisés avant de se préoccuper de l’intérêt général.
  • Nous savons que le recours massif à l’éolien comme au photovoltaïque loin de renforcer notre indépendance énergétique ne fera que nous rendre dépendant des puissances qui fournissent les métaux rares indispensables à la construction des turbines. Je pense notamment à la Chine. Il s’agit là d’enjeux politiques et stratégiques majeurs.
  • Nous savons que ces matières premières s’achètent à prix d’or ce qui accentuera notre déficit commercial.
  • Nous savons que l’Etat donc le contribuable, finance l’achat du kW/h issu du « renouvelable » afin de le rendre artificiellement compétitif. L’Allemagne s’en mord les doigts aujourd’hui. Nous perdons donc sur les trois tableaux, par le subventionnement du kW/h, par l’achat à l’étranger des matières premières et des turbines, par l’exploitation par des groupes financiers souvent étrangers des champs éoliens.
  • Nous savons que ce projet va nous mettre en difficulté avec nos voisins belges et leur gouvernement. Le long courrier du vice-premier ministre belge est, à ce titre, consternant de par les révélations que nous pouvons y lire.
  • Nous savons que ce projet choque nos amis britanniques, notamment les associations gardiennes du souvenir de l’opération Dynamo. Imagine-t-on des éoliennes face aux plages du débarquement en Normandie ?

Voilà très rapidement porté à votre connaissance quelques arguments qui illustre l’ampleur du sujet et son importance. Car ce projet, non seulement ne contribuera en rien à « sauver la planète » mais bien au contraire participera au phénomène inverse.

Il n’est pas possible de balayer d’un revers de main, la demande de milliers de nos concitoyens qui exigent tout simplement de pouvoir être entendus et de pouvoir s’exprimer. Comment comprendre que ce que vous avez mis en œuvre pour la piétonisation d’une place de Dunkerque vous le refuseriez pour un enjeu aussi colossal ?

Au-delà de ces considérations, notre horizon, c’est aussi notre imaginaire, c’est le rêve, c’est l’infini à portée de main, c’est toute l’histoire maritime de Dunkerque et des environs qui nous étreint quand « on fait une digue ». C’est la possibilité de se ressourcer dans un espace dégagé, ouvert, libre.

Il vous appartient, devant les Dunkerquoises et les Dunkerquois, mais également devant l’ensemble des citoyens de notre agglomération, de prendre vos responsabilités en vous déclarant favorable à l’organisation de ce référendum.

Vous qui n’avez de cesse de vous déclarer un ardent promoteur de la démocratie participative, de donner la parole aux habitants, de la proximité, vous qui disiez faire de la « politique autrement », qui vouliez « abattre le système », voilà une magnifique occasion de le démontrer.

Il ne s’agit pas ici de concertation citoyenne pour choisir la couleur des bacs à sable ou la largeur des trottoirs. Il s’agit dans le cas présent de tout autre chose, il s’agit ni plus ni moins que de notre avenir, de notre imaginaire et de notre identité. Vous devez écouter les Dunkerquoises et les Dunkerquois et répondre à leurs attentes. Ils sont pleins de bon sens et de sagesse. Ayez confiance en eux.

Vous aussi, monsieur le maire, monsieur le président, vous devez demander un référendum. Dans le cas contraire, je ne doute pas de la mémoire de nos concitoyens.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de recevoir, monsieur le maire, monsieur le président, l’expression de mes salutations républicaines.

Claude NICOLET
Conseiller municipal de Dunkerque
Conseiller communautaire-communauté urbaine de Dunkerque.