Claude NICOLET

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Ma dernière tribune publiée sur Marianne le 9/05/2024

Cette expression peu amène fleure bon la IIIe République et venait le plus souvent de la gauche. Le retour du religieux rend nécessaire de poursuivre l’objectif d’émancipation citoyenne autour de laïcité et de la fraternité, écrit Claude Nicolet, président de l'association « la Nation citoyenne », membre du bureau exécutif de Refondation républicaine, et conseiller municipal de Dunkerque.

Quand j'alertais il y a déjà des années. On se moquait. J'accordais, me disait-on, trop d'importance à un phénomène marginal et qui ne serait que passager. Je mettais pourtant en garde contre une transformation anthropologique de notre société qui était à l'œuvre, qui était pensée, voulue avec une véritable stratégie et un objectif, que la société française devienne charia-compatible, voire plus. Je m'appuyais pour ce faire sur ma longue expérience quant à l'entrisme islamiste dans les sociétés musulmanes.

Je me souviens

Bien évidemment, je devins « islamophobe » car voyant et dénonçant les dangers immenses qui nous menacent, il est plus facile de se soumettre, de se taire et d'hurler avec les loups plutôt que de se battre.C'est ainsi que je constate, amer, déçu et dépité, que nombre de personnalités de « gauche » (mais pas seulement) qui furent des connaissances, parfois des amis, capitulent alors qu'il faut aujourd’hui livrer bataille. Où sont ceux qui hier encore étaient de véritables « bouffeurs de curés », anticléricaux notoires et n'hésitaient pas à ponctuer les réunions politiques de tonitruants « À bas la calotte ! » ? Je m'en souviens encore...


Mais il est vrai qu'il s'agissait de triompher d'un ennemi qui n'existait plus et de vaincre sans péril. Toutefois, aujourd'hui le péril est grand dans notre pays. On y risque sa réputation, sa carrière et même sa vie. Dans le pays de Voltaire, l'atteinte à la religion, en l'occurrence l'islam, peut à nouveau nous conduire à la mort. L'affaire Calas, vieille de 260 ans fait à nouveau partie de notre actualité. Voilà qui nous permet de mesurer l'ampleur de la régression à laquelle nous sommes confrontés.

La France doute

La France se soumet dans la douleur et la souffrance certes, mais jour après jour elle se soumet. Doutant d'elle-même, de son destin, de son avenir elle est aujourd'hui comme une proie offerte à ceux qui veulent s'en saisir pour s'en repaître, l'humilier, s'en venger ou s'en débarrasser dans un ensemble fédéral, écoreponsable, inclusif et dégenré ou nous célébrerons le « vivre ensemble » certainement plus facile à faire vivre que la citoyenneté et la fraternité républicaine.

 

Celui qui oserait aujourd'hui être un « bouffeur d'imam » se verrait immédiatement qualifié, pour le moins, de « raciste », menacé, convoqué par la justice pour « incitation à la haine raciale ». La France fille aînée de l'église n’est plus depuis bien longtemps. Fille des Lumières et de la Révolution, elle disparaît sous nos yeux et avec elle son rêve de penser, au nom de la liberté, l'émancipation universelle de l'Humanité.

« L'homme malade de l'Europe »

Les islamistes l'ont bien compris et voient la France comme « l'homme malade de l'Europe ». Or cet universel-là est insupportable aux yeux de ceux qui veulent étendre à nouveau sur la Terre la loi de Dieu exclusivement. Trop de complicités, trop de renoncements, trop de lâchetés pour ne pas comprendre cette « étrange défaite » qui peut advenir, ont rendu possible cette situation.


L'islamisme radical et politique, porté par les frères musulmans et le salafisme pensent ensemble le temps et l'action. Le programme est eschatologique et se déploie pour « les siècles des siècles ».La France face à ce danger mortel pour ce qu'elle est, pour la façon dont elle s'est construite et ce qu'elle a offert au monde doit se repenser, d'abord à partir d'elle même. Ce combat est-il perdu ? Il ne doit pas l'être.