Une insulte de plus faite aux Jacobins. En tout cas la preuve de l'immense confusion idéologique qui règne dans le discours politique. En effet, on ne cesse d'entendre ici ou là, que la réforme des collectivités locales et la suppression de la taxe professionnelle marquent le retour en force de l'Etat jacobin et du jacobinisme. Quelle erreur!
En réalité de quoi s'agit-il? De mettre à la même cure d'amaigrissement que l'Etat les collectivités locales. La rigueur pour tous sauf pour ceux qui continueront de bénéficier du système. Peut-on imaginer un seul instant que Sarkozy soit un Jacobin? On comprend derrière cette critique qu'il faut voir la critique du "centralisme" qui est ici assimilé au jacobinisme. Or historiquement et idéologiquement, le jacobinisme n'est pas réductible à cette notion. Pour mettre fin à "l'agrégat inconstitué de peuples désunis" qu'évoquait Mirabeau, la recherche de l'unité au moment de la République jacobine est sans conteste l'un des aspects du jacobinisme, mais ce terme recouvre une multitude d'autres notions.
Il est donc plus juste d'évoquer "le centralisme" qui trouve son origine dans les fondements politiques, philosophiques et religieux de l'Ancien Régime et des théories de la monarchie absolue, si on veut plaider pour son contraire. D'autant que la critique des Jacobins a toujours été l'apanage de la droite et de l'extrême droite depuis deux siècles. Aux Muscadins et Thermidoriens qui massacraient les partisans du jacobinisme ont succédé ceux qui n'ont jamais digérés le cycle de la Révolution Française. La Gauche serait bien inspirée de se souvenir de la phrase de Jean Jaurès s'adressant à la mémoire des Montagnards dans sa monumentale Histoire socialiste: "Ici, sous ce soleil de juin 1793 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre et c'est à côté de lui que je vais m'asseoir aux jacobins". Laissons donc à la droite le soin de régler ses comptes avec ses adversaires d'hier sans ajouter à la confusion idéologique et historique.
