Claude NICOLET

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TRANSPORTS - Après les révélations des Echos, Claude Nicolet, adjoint de Michel Delebarre à Dunkerque, et premier secrétaire du MRC Nord, craint de voir disparaître les lignes TGV Arras-Paris et Lille-Strasbourg, malgré le démenti de la SNCF. Il s'explique.

Libération: Votre inquiétude ne diminue pas, alors que la SNCF a démenti les informations des Echos...
J'ai lu le démenti de la SNCF, ils ne font allusion à rien du tout ! Il y a un ensemble de faisceaux de faits qui me font craindre le pire. Que cette information fuite de cette manière-là n'est pas un hasard.

Libération: Quels sont ces faits qui vous inquiètent ?
Nous voyons une multiplication des incidents sur les lignes SNCF. Sur la ligne Arras-Dunkerque, il y a souvent des retards d'une demi-heure. Or, quand une ligne est peu rentable, le premier poste qu'on essaye de réduire, c'est la maintenance. C'est toujours ce qui craque en premier.

Libération: Quelle serait la conséquence pour la région Nord-Pas-de-Calais de la disparition de la ligne Arras-Paris ?
Ce TGV assure la desserte de l'Artois, de la Flandre et du Littoral. Car il y a des correspondances vers Lens, Béthune, Hazebrouck, Dunkerque... En termes d'aménagement du territoire, c'est une catastrophe : il faudrait reprendre sa voiture pour aller chercher le TGV à Lille, ce qui veut dire reposer la question de la saturation de l'A25.Je demande à l'Etat d'assurer l'égalité des citoyens sur l'ensemble du territoire.La création de RFF(Réseau ferré de France, à qui appartient les lignes SNCF, ndlr) a été une nécessité dans le cadre des directives européennes. La SNCF loue l'accès aux lignes, et elle n'arrive plus à répondre aux exigences de RFF.

Libération: D'où la possible volonté de réduire les fréquences sur les lignes moins rentables. Combien de personnes pourraient être touchées ?
Des milliers !

Libération: A moins d'avoir des TER, gérés par la région Nord-Pas-de-Calais, qui assurent la liaison...
C'est vrai, mais la région n'aurait pas les moyens de faire face à des dépenses qui n'ont pas à être les siennes. Et revenir au TER, c'est revenir 25 ans en arrière. Du temps du Corail, nous mettions trois heures pour aller à Paris de Dunkerque, aujourd'hui 2h10 quand on passe par Arras. Si nous rentrons par TER, c'est à nouveau trois heures, et avec un prix du billet qui n'est pas le même qu'il y a 25 ans. Dans cette histoire, c'est le citoyen-contribuable qui trinque et qui n'est plus qu'un client.

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