Claude NICOLET

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Israël-PalestineL'annonce d'un cessez-le-feu "illimité" dans la Bande de Gaza est une excellente nouvelle. C'est d'abord la fin de 50 jours et autant de nuits d'enfer et de tragédie pour la population qui a payé le prix fort de ce conflit. Mais que de morts, que de souffance, que de destructions. Plus de 2130 Palestiniens tués, essentiellement des civils, des femmes et des enfants qui ne voulaient qu'une seule chose: vivre libre et dans la dignité. Des dizaines de milliers de sans abris, de réfugiés qui l'étaient déjà, de blessées. Victimes innocentes d'enjeux qui les dépassent et dont ils sont bien souvent les jouets. Israël de son côté a perdu 68 des siens dont 64 soldats.

Il est humainement et moralement inconcevable et inacceptable, que de pareilles situations se reproduisent à espaces plus ou moins réguliers, par absence de perspectives politiques. Or ce conflit, qui est un conflit politique, qui n'a jamais été un conflit religieux, il convient d' examiner dans le détail, les paramètres qui ont permis d'aboutir à cet accord.

Il semblerait que plusieurs points soient acquis. La levée partielle du blocus de la Bande de Gaza, le lancement de discussion dans un mois sur la construction d’un port à Gaza, la libération de prisonnier du Hamas.

Préalablement, nous avions pu constater l’annonce faite par le Hamas d'une solution à deux Etat (ce qui est une reconnaissance de fait de l'Etat d'Israël). La relance des négociations pour aboutir à un accord définitif avec un calendrier précis serait également la contrepartie pour que les Palestiniens, n’aillent pas devant la Cour Pénale Internationale, dont les enquêtes pourraient s’avérer accablantes pour Israël.

L’absence de perspectives militaire et stratégiques, la dégradation sensible de l’image d’Israël, la multiplication des contacts ces derniers jours entre Mahmoud Abbas, les principaux chefs du Hamas et les autres organisations palestiniennes, qui étaient parvenus à s'entendre sur un gouvernement de rassemblement national avant le déclenchement de l'opération "Bordure protectrice", ont permis d'aboutir à ce résultat.

Autre avancée majeure, la position du Hamas vis à vis de l'Etat d'Israël. En réalité, il y avait déjà eu dans le passé des évolutions sensibles du Hamas sur ce point déterminant. Si cela se traduit dans les heures et les jours qui viennent, par des déclarations sans ambiguïté, en direction d’Israël et de la communauté internationale, il faudra alors que celle-ci prenne toute ses responsabilités.

C'est probablement la dernière chance d'aboutir à la solution des "deux Etats, pour deux peuples." Il n'y a pas de règlement militaire possible. Il faut désormais donner toutes leurs chances aux négociations. Il y a urgence. L'Etat Islamique au Levant sera un ennemi infiniment plus redoutable pour Israël, qui aura dès lors besoin de l'alliance avec la Palestine pour le combattre si nécessaire. D'autant plus que ce dernier vient de prendre le contrôle d'une province entière en Syrie, dans laquelle se trouve au moins une base militaire aérienne. Les réalités et les contraintes stratégiques sont d’incontournables réalités.

Pour ce faire, il faut que la communauté internationale s'engage à fond et sans esprit de recul, si ce n'est la volonté et le désir d'aboutir à un règlement définitif.

Cettes, il convient de rester d'une très grande prudence. Nous savons à quel point tout peut être remis en cause d'une seconde à l'autre. Mais, si cette perspective est une réalité, alors, au nom de la paix, il ne faut pas gâcher cette occasion. La voie est très étroite, mais il faut l’emprunter.

Israéliens et Palestiniens connaissent parfaitement les conditions globales d'un accord: retour au droit international, arrêt de l'occupation, arrêt de la colonisation, frontières de 1967, Jérusalem-Est capitale de l'Etat de Palestine, questions des prisonniers et des réfugiés, mise en place d'un système de compensation et de dédommagement, sécurité d’Israël, engagement des grandes puissances à garantir l’accord.

Tous savent également que chacun de ces points est lui même objet de négociations. Des accords d’Oslo à l’initiative de Genève en passant par Camp David, tout ou presque a été examiné à la loupe, si ce n’est au microscope. Il n'y a plus aucun instant à perde. Car je suis sans illusion, à terme il n'y aura pas d'Etat palestinien, mais leur destin étant intimement lié, je crains également pour l’avenir d’Israël.

Claude NICOLET

Conseiller régional Nord Pas de Calais