Intervention de Claude NICOLET lors de la séance plénière du conseil régional Nord Pas de Calais du 12 avril sur la politique économique de la Région.
Merci Monsieur le Président, mes chers(e) collègues,
Nous ne pouvons que nous que nous féliciter de ce débat sur la politique économique de la Région et de son avenir industriel en particulier. Je tiens tout d'abord à féliciter la qualité du document qui nous a été communiqué, ainsi que l'excellence des exposés de Pierre de Saintignon et de Françoise Dal.
Dans une situation particulièrement inquiétante pour notre pays, c'est l'occasion de rappeler l'importance de notre tissu industriel, dans notre histoire et dans l'avenir qu'il nous dessine. Certain des orateurs précédents ont pu mettre ce lien en valeur, y compris dans sa dimenssion culturelle, voire identitaire pour la région Nord Pas de Calais, je n'y reviens donc pas.
Pierre de Saintignon a également insisté à juste titre, sur la grande diversité de ce tissu industriel ce qui constitue pour nous une immense richesse. Nous avons donc dans ce domaine en particulier, nous avons une obligation de résultat.
Sur ce point, il nous faut aller directement à l'essentiel: notre capacité à rester une grande puissance industrielle est liée à notre capacité à rester une grande puissance tout court. Pas de progrès social sans une base productive puissante. Pour mettre en place des politiques redistributrices encore faut-il pouvoir avoir de la richesse à redistribuer. Puissance industrielle et progrès social sont donc étroitement liés.
Pour ce faire, je veux m'appuyer sur le rapport Gallois qui n'a encore été évoqué par aucun des différents intervenants et qui est pourtant d'une importance majeure dans ce qu'il contient. Ce rapport a été remis au Premier ministre il y a quelques mois et on peut notamment y lire, je cite: "la côte d'alerte a été franchie" et de démontrer que nous sommes dans une situation de décrochage productif et industriel très grave dont il convient malgrès tout de signaler quelques causes: un euro trop fort, une absence de politique industrielle européenne, des choix stratégiques fait pendant les années 80 dont nous ne cessons de payer les conséquences, la stratégie de lutte concurrentielle de la commission de Bruxelles, la rémunération du capital, les politiques de libre-échange...Je n'ai pas le temps de développer cet aspect pourtant déterminant.
Depuis 15 ans la France a détruit 700 000 emplois industriels et la Région 25 000 depuis 2008 comme l'a indiqué Pierre de Saintignon en faisant une présentation lucide de la situation.
Nous devons donc faire face à une période très difficile et la Région dans ce cadre fait son devoir, tout son devoir et peut-être même plus que son devoir.
Pierre de Saintignon a détaillé les dispositifs mis en place par avec le Schéma Régional du Développement Economique et les poitiques de formations, je ne reviens pas ses propos sont forts éclairants. Mais le dispositif a été complété par l'intervention de Françoise Dal qui a décrit par le menu l'organisation des outils financiers que nous pouvons utiliser. L'articulation de l'ensemble est fondamental pour la réussite de nos politiques publiques en faveur de l'emploi et de la croissance. Nous savons qu'un emploi dans l'industrie entraine deux voire trois emplois dans les services. L'un ne va pas sans l'autre et notre politque de formation doit s'imbriquer dans cette volonté et venir la soutenir.
Françoise Dal l'a illustré, avec la BPI qui peut mobiliser jusqu'à 40 milliards d'euros, la force de frappe régionale avec FINORPA et la création par le Gouvernement du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi) qui permettra aux entreprises d'investir jusqu'à 20 milliards d'euros dans la production et la recherche. l'Etat casse sa tirelire pour engager la bataille de la réindustrialisation du pays. Nous devons, nous aussi soutenir cette démarche qui conditionne notre avenir.
Notre région posséde en effet des outils formidables: un main d'oeuvre qualifiée, des infrastructures de premier ordre, une situation géographique exceptionnelle, une population nombreuse, une culture industrielle et un attachement à notre identité lié à cette culture.
Mais cela passe également par la redéfintion de la nature des relations sociales dans notre pays au sein de l'entreprise ainsi qu'avec l'ensemble des acteurs économiques et politiques. C'est ce qu'on appelle au MRC "l'alliance des productifs".
Cette "révolution culturelle" est non seulement nécessaire, mais elle est indispensable pour notre réussite collective. En cela l'articulation du SRDE avec nos outils financiers est un élément clef de notre réussite. Il nous faut sortir des postures du patron forcément voyou, du salarié nécessairement exploité et de l'élu par définition pourri.
Les enjeux auxquels nous devons faire face, exigent de nouvelles réponses. La Région est engagée sur ce chemin. Il permet de tracer une véritable perspective politique, il doit l'être également à l'échelle du pays.
Je vous remercie.