Claude NICOLET

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Jeunesse et PalestineIl y a quelques chose de flagrant dans les manifestations dites "pro-palestiniennes" qui se déroulent actuellement en France, c'est la spontanéité du mouvement. Spontanéité, jeunesse et féminité. Incontestablement, celles et ceux qui sont à l'origine de ces mouvements le font d'abord et avant tout parce qu'ils ne supportent pas de voir ce qui se passe au Proche-Orient. Par colère, par sentiment d'injustice.

On peut s'étonner qu'une telle solidarité ne s'exerce pas à un tel niveau avec la Syrie, la Libye ou l'Irak, c'est vrai. Mais faut-il rappeler que la question du règlement du conflit israëlo- palestinien dure depuis de décennies. L'actuel "processus de paix" dure depuis 21 ans, on sait ce qu'il en est.

Les régimes des différents Etats arabes ont bien souvent utilisé ce conflit pour maintenir sur leur propre société des systèmes policiers et militaires avec la complicités des grandes puissances. L'identification à la "cause" palestinienne va en réalité au delà d'elle-même. La Palestine est un symbole qui la dépasse, ce qui est d'ailleurs l'une de ses difficultés.

Mais pour toute une jeunesse c'est le symbole d'une liberté et d'une identité à conquérir, peut-être aussi d'une revanche à prendre sur les difficultés quotidiennes. Ce qui saute aux yeux dans les manifestations, c'est la présence de ces jeunes, en dehors de toute organisation politique, syndicale où associative. C'est surtout une présence des jeunes femmes qui sont en réalité les fers de lance de cette jeunesse issue des quartiers populaires et dont les attaches familiales les relient au monde arabe.

Ces jeunes femmes nous le savons, sont souvent les meilleures élèves, celles qui s'en sortent le mieux. Elles sont et seront de véritables locomotives sociales, professionnelles, associatives...politiques. Eduquées, elles sont les plus beaux produits de cette promesse républicaine faite par l'école, faite par la Nation toute entière et dont elles sont aussi les bénéficiaires. Donc également redevables.

Et c'est par ces manifestations et cette question de nature internationale, que cette jeunesse, éduquée, populaire et fortement féminine, fait sont entrée sur la scène politique française, en dehors de toute structure.

Or le gouvernement leur envoie le pire message qui soit: l'interdiction de la manifestation parisienne qui est devenue un symbole. Le sentiment aujourd'hui c'est qu'un "gouvernement de gauche" aura tourné le dos à l'arrivée d'une nouvelle génération de citoyens s'impliquant dans la vie de leur pays. Qu'il n'aura pas compris également ce qui se passe. Cette jeunesse, ses parents, qui ont investi dans la République, quoi qu'on en dise, formera les cadres de demain dont encore une fois beaucoup de femmes qui veulent s'émanciper et s'arracher à leurs conditions. Cette nouvelle génération qui frappe à la porte de la République risque fort de penser qu'on la lui "claque au nez" quant à l'accès légitime sur la scène publique française. 

Or, pour le bien et pour l'avenir de la République, il faut bien qu'ils aient eux aussi une perspective quant à leur participation légitime à la vie de la Nation dont ils sont membres à part entière. Vers qui vont-ils alors se tourner?

Ils se sentent directement concernés par ce qui se passe en France et par les positions diplomatiques de la France. Cette prise de conscience a été analysée depuis longtemps par les élus locaux. Il suffit de constater le nombre de collectivités locales françaises et même en Europe (le changement en Allemagne est particulièrement frappant), qui se sont jumelées depuis vingt ans avec une collectivité locale palestinienne. Ce nombre s'est multiplié, traduction dans les faits d'une réalité sociale que nous vivions au quotidien.

Claude NICOLET

Premier secrétaire du MRC Nord

Secrétaire national du MRC chargé de la Citoyenneté et de la Laïcité

Conseiller régional Nord Pas de Calais