Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président,
Mon intervention se déroulera en deux temps. Tout d'abord sur les enjeux énergétiques et en particulier sur le nucléaire, ensuite sur la question industrielle.
Sur le premier point, il n'a échappé à personne qu'un certain nombre d'annonces a été fait concernant le nucléaire. Il y a peu de temps, Madame Ségolène Royal a laissé entendre qu'il serait possible de voir fermer deux réacteurs nucléaires dans la mesure où il sera très compliqué de fermer la centrale de Fessenheim. Le coût de la fermeture (estimé à 5 milliards d'euros), la fin de la procédure décennale, l'avis favorable de la l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), pose en effet une série de problème quant à la perspective de la fermeture annoncée pour 2016.
Il faut donc en contrepartie, fermer deux réacteurs, donc deux tranches puisque les réacteurs sont couplés. Une telle perspective ne peut donc se faire que sur un site possédant au moins quatre réacteurs.
Que les choses soient claires. En aucun cas nous ne sommes opposés au nécessaire débat sur la transition énergétique. Ce débat est démocratiquement indispensable. Mais de telles annonces ont provoqué un vrai trouble tant la méthode utilisée est brouillonne. Les enjeux énergétiques et ce qu'ils représentent pour les industriels, ont besoin de perspectives, de sécurité et de vision à long terme.
Avec Pierre de Saintignon, nous nous sommes déplacés il y a peu sur le site de la centrale nucléaire de Gravelines. Nous avons pu mesurer l'ampleur des investissements prévus pour deux opérations majeures, la mise à niveau des installations de sécurité "post-Fukushima" et des opérations dites de "grand carénage". A hauteur de 5 milliards d'euros, nous sommes collectivement face à un enjeu dont nous devons prendre toute la mesure.
Enjeux liés à l'excellence industrielle, à l'indépendance énergétique de notre pays, mais également au développement de notre région en général et de l'ensemble du littoral en particulier. Nous savons tous à quel point cette question est déterminante. Investissements sur Boulogne sur Mer, investissements liés au programme Calais 2015, investissements liés au terminal méthanier (1,2 milliards d'euros), investissements liés à la centrale de Gravelines, au Canal Seine-Nord ou encore au port de Dunkerque, ce qu'il nous faut mettre en place c'est un véritable commissariat général au plan régional.
A cela s'ajoute toute la problématique liée à la formation. Que se soit l'apprentissage, la formation professionnelle jusqu'à l'enseignement supérieur, nous avons pu mesurer l'ampleur du chantier lié à l'ensemble des métiers du nucléaire. Ouvriers qualifiés, techniciens, opérateurs, contrôle non destructif, certification, ingénieurs...la liste est longue.
Nous aurions tout à gagner à mettre sur pied, à l'image de ce qui se fait à Nantes ou à Nancy, une véritable académie des métiers du nucléaire dont les perspectives de développement sont très forte.
Cette visite fut riche d'enseignement. Avec une direction de la centrale très à l'écoute et soucieuse de se mettre à la disposition des élus et à entamer un débat républicain essentiel pour notre avenir.
Il nous semblerait donc intéressant que nous puissions, ensemble nous déplacer sur le site afin d'avoir non seulement les informations nécessaires, mais également pour sortir des caricatures trop souvent utilisés.
Deuxième point de mon intervention, auquel je me permets d'associer ma collègue Delphine Castelli, la situation industrielle sur le littoral. Plusieurs entreprises sont confrontées à de graves difficultés. Je pense à SRD, à Europipe ou encore Ajinimoto. Se sont des centaines de salariés qui s'inquiètent pour l'avenir de leurs emplois.
Samedi dernier ils ont manifesté dans les rues de Dunkerque. Ils souhaitent que la Région, avec la Communauté urbaine de Dunkerque soit à l'initiative de la mise sur pied d'une table ronde sur l'avenir de l'industrie sur le littoral.
Nous pensons qu'il faut répondre favorablement sans tarder à cette demande des salariés. La reconquête industrielle doit être une réalité et nous savons que vous partagez cette préoccupation et cette volonté. Nous ne doutons pas un instant que vous n'y répondiez favorablement.
Claude NICOLET
Conseiller régional Nord Pas de Calais